Mon autre moi XIII
J’avais eu deux professeurs privés, puis j’étais entré au conservatoire.
Je me souviens, avec grande émotion, de mes premières classes au conservatoire de quartier.
Je n’avais que six ou sept ans et j’étais tout bonnement conquis par l’atmosphère qui y régnait.
C’était encore de vieilles écritoires inclinées qui nous servaient de bureaux, le maître de cours se tenait sur une petite estrade et nous considérait, un peu sévère, derrière son pupitre. Il nous donnait le tempo et tout en marquant les temps de nos avants bras droits, la plupart d’entre nous apprenaient à lire leurs premières notes dans les vieux manuels de solfège ; L’ambiance était studieuse mais je l’adorais.
Il semblait naître une magie de cet ensemble maladroit et hésitant.
Comme j’aimerai pouvoir encore m’asseoir dans cette petite salle et renaître pour un instant dans la peau de ce petit garçon qui avide et curieux voulait dévorer le monde en rêvant.
Je grandissais, j’étais entré au collège puis au lycée, j’avais la chance de ne pas avoir trop de difficultés car je travaillais un minimum mes devoirs, tout mon temps était dédié à la musique, j’avais même, sans le remarqué, cessé d’entretenir des relations normales avec les miens.
J’étais toujours ailleurs, il était fréquent que je ne sache pas quoi répondre à quelqu’un qui m’interrogeait, je n’avais pas entendu. Les conversations m’ennuyaient, les repas de famille m’ulcéraient pat leur longueur, les sortie à la mer ou ailleurs m’importunaient profondément. Rien ne trouvait grâce à mes yeux
Je faisais parti des JMF, jeunesse musicale de France ce qui me permettait d’assister à de très nombreux concert pour un prix modique, j’étais un assidu des matinées à Pleyel, à gaveau ou encore au Théâtre des champs-élysées.
Je me rendais fréquemment aussi au concert public de la maison de la radio.
Je passais donc le plus clair de mon temps libre à Paris.
J’étais parisien au presque et je le vivais avec délectation…