La différence cest le chagrin
Ma ciboulette pousse à nouveau et offre au jardin ses tout premiers brins à mes salades printanières, pourtant l’année passée un drame s’y est joué. A l’époque où les fleurs attirent les insectes, un gros bourdon est venu les butiner. Je m’amusais beaucoup à le voir œuvrer avec autant d’ardeur et d’acharnement, souvent je le retrouvais en plein après midi, inerte, sur une fleur, sans doute trop lourd de pollen ou trop fatigué pour poursuivre son labeur dans se reposer. Un soir pourtant, je le retrouvais toujours dans la même position que quelques heures plus tôt, figé dans une immobilité plus inquiétante et lorsque le lendemain matin je le recueillis au creux de ma main, je dus bien constater qu’il avait cessé de vivre. Michel Polmareff a écrit avec raison dans une de ses chansons « que la différence c’est le chagrin » et ce fut bien du chagrin que j’éprouvais ce jour là. Je l’ai déposé du mieux que j’ai pu, dans un petit trou creusé auprès du pied des fleurs qu’il avait tant aimé. A présent, lorsque je vais cueillir un peu de ces herbes, j’ai une pensée émue pour le petit être qui repose là.